Comment savoir ce que mangeaient nos ancêtres au paléolithique ?

Les moyens dont disposent les préhistoriens pour reconstituer les modes alimentaires du passé sont de trois types : les objets et les faits archéologiques découverts lors des fouilles, les expérimentations et les données actualistes, et les analyses biogéochimiques.

Comment prouver un régime alimentaire ?

Les documents exhumés lors des fouilles qui sont directement interprétables comme des témoins de l’alimentation sont assez rares. En effet, si l’on trouve d’innombrables ossements animaux et silex taillés dans les sites préhistoriques, leur finalité pour des usages alimentaires doit être démontrée. Par exemple, la fonction de couteau de boucherie pour tel racloir de silex, fabriqué par un néandertalien il y a 100 000 ans, ne sera avérée que si l’étude des microtraces présentes sur son tranchant sont les mêmes que celles observées sur sa réplique expérimentale ayant servi à trancher de la viande.

Lorsqu’on a la chance de découvrir des vestiges humains, en particulier des mandibules, ce sont les études des morphologies dentaires et des micro-usures que l’on peut observer à la surface de l’émail qui permettent de déterminer les régimes alimentaires. C’est ainsi qu’on en déduit que les premiers représentants de la lignée humaine étaient surtout - mais pas uniquement - végétariens. De même, l’existence de caries dentaires dans des populations de chasseurs-cueilleurs il y a -14 000 ans indiquent un régime alimentaire avec un important apport de plantes sauvages riches en glucides.

Crâne de Cro-Magnon - Musée de l'Homme

Crâne de Cro-Magnon - Musée de l'Homme

© MNHN - J.-C. Domenech

Les analyses biogéochimiques, via l’étude des isotopes stables conservés dans les ossements, parfois dans le tartre dentaire ou les excréments, apportent de très nombreuses informations sur les traditions culinaires préhistoriques. Basées sur l’idée simple que l’on est ce que l’on mange, et par l’étude détaillée des chaines alimentaires, elles donnent des informations globales sur les ressources végétales et carnées consommées. Elles permettent aussi, via les microanalyses des croissances dentaires, de déterminer les variations de régime alimentaire au cours de la vie d’un individu !

Roland Nespoulet, préhistorien au Muséum national d’Histoire naturelle

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