Depuis quand l'homme chasse ?

Consommer de la viande et autres produits carnés requiert la capture et l’abattage d’un gibier. La chasse a été, avec le piégeage, l’un des plus anciens moyens mis en œuvre par les groupes humains pour y parvenir.

Paradoxalement, nous ne possédons que des preuves indirectes de la chasse et la présence d'ossements d'animaux dans les habitats ne peut être associée à un abattage volontaire sans tenir compte de la composition de cet ensemble (espèces, âges, sexe, parties du corps représentée), de la compatibilité de l'armement associé et de l'éthologie des espèces identifiées. Mais la limite est parfois floue avec le charognage qui a pu être pratiqué notamment par les hominines les plus anciens.

Les techniques de chasse peuvent être variées (pièges, rabattage, etc.) mais peu vérifiables pour la préhistoire même si elles sont plausibles compte tenu des tendances presque universelles observées chez les peuples chasseurs-cueilleurs actuels. La chasse peut être spécialisée ou non, individuelle ou collective, exiger l'usage d'un équipement spécialisé ou pas. L'armement se divise en armes contondantes (pour assommer) - massue, bâton - et des armes de jet (pour transpercer) - lances, javelots, sagaies.
Les espèces chassées varient selon les périodes et les milieux. En Europe, au Paléolithique ancien et moyen, elles consistent majoritairement en herbivores (cheval, bison, aurochs, rhinocéros, tahr, mouflon) et, parfois, en léporidés (lapins, lièvres). Au Paléolithique supérieur, renne, bison, cheval prédominent sur le bouquetin, cerf, aurochs, saïga qui les secondent. La chasse au petit gibier - lièvre, oiseaux - a pu constituer une source d’alimentation non négligeable : ainsi, dans la grotte magdalénienne de La Vache (Ariège), près de 4 000 lagopèdes des neiges accompagnent les 2 500 bouquetins, principale espèce chassée.

Arc de bois décoré de fragments de queue de Cercopithecus. ETB-CD-SB-2011-036

Arc de bois décoré de fragments de queue de Cercopithecus, avec sa corde en lanière de rotin et les flèches à empennage de feuille et pointes de métal. ETB-CD-SB-2011-036

© MNHN - J.-C. Domenech

Au Mésolithique, les groupes humains semblent réduits en taille et parcourir des territoires moins vastes. Le réchauffement progressif du climat va de pair avec le développement de la forêt, celui de la faune tempérée, plus dispersée que les grands troupeaux de l’époque précédente, et l’emploi généralisé de l’arc (dont certains exemplaires se sont conservés). Cerf, chevreuil et sanglier sont les plus chassés, auxquels s’ajoutent, selon les milieux, aurochs, lapins, oiseaux, petits carnivores.

Au Néolithique, la domestication assure une certaines part des apports protéiques carnés. Pour autant, la pratique de la chasse perdure, notamment à l’arc avec une grande variété de pointes de flèches.

Aline Averbouh, archéozoologue et archéobotaniste au Muséum national d’Histoire naturelle

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