L'homme est-il le dernier maillon de la chaîne alimentaire ?

On a un peu tendance à donner systématiquement à l'Homme une position privilégiée (souvent dominante) dans la nature, et donc à le placer en haut de l'arbre de l'évolution… et en bout de la chaîne alimentaire. Restons un peu humble : non seulement nous ne sommes pas la plus évoluée des espèces, mais côté alimentaire, nous occupons à peu près la même place que l'anchois dans la chaîne…

L'Homme et l'évolution

L'Homme n'est ni l'espèce la plus grosse, ni la plus rapide, ni celle qui vit le plus longtemps, ni la meilleure en apnée, ni la plus performante en mémoire visuelle (oui, les chimpanzés nous battent)… Nous avons certes développé un langage complexe et les moyens d'aller sur la Lune, mais ce sont des critères très anthropocentristes pour juger de l'évolution.

Quand est-il de notre place dans la chaîne alimentaire ? Pour le savoir, il faut déterminer ce que les scientifiques appellent notre « niveau trophique ». Au premier niveau, se situent les végétaux, qui fabriquent de la matière organique à partir des éléments du sol et de l'énergie du soleil (photosynthèse). Ensuite, viennent les herbivores, qui se nourrissent de ces végétaux. Puis enfin les carnivores, qui se nourrissent d'herbivores… Et l'Homme (omnivore) ?

Proie ou prédateur ?

Ours blanc sur la banquise

Ours polaire (Ursus maritimus)

© vaclav - stock.adobe.com

En faisant une analyse précise des régimes alimentaires, des chercheurs ont évalué son niveau trophique à 2,2, soit sensiblement le même qu'un cochon ou un anchois, là où l'ours polaire plafonne à 5,5. De manière plus précise, cette étude a révélé non seulement des différences entre pays (avec un écart de 0,5 entre les burundais, qui se nourrissent quasi exclusivement de plantes, et les islandais, très friands de poissons) mais aussi dans le temps, avec une tendance à l'augmentation de notre niveau trophique, signe d'un impact de plus en plus important sur notre écosystème. Bref, si nous ne sommes pas des super-prédateurs, nous sommes par contre clairement des super-pollueurs !

Christophe Lavelle, chercheur au CNRS et au Muséum national d’Histoire naturelle

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